(Article in English) Publiée aujourd’hui dans l’International Journal of Dermatology, « the Diagnostic capacity for cutaneous fungal diseases in the African continent » (Les capacités de diagnostic des maladies fongiques cutanées sur le continent africain) révèle des lacunes importantes dans le diagnostic et le traitement des maladies fongiques cutanées.
Les infections fongiques cutanées touchent environ 750 millions de personnes dans le monde. En Afrique, on estime à plus de 135 millions le nombre d’enfants d’âge scolaire atteints d’une infection fongique des cheveux’. Environ 20 % des patients infectés par le VIH présentent une infection fongique cutanée, et ces infections constituent un indice clinique pour le diagnostic du VIH.
Certaines infections fongiques cutanées peuvent être facilement diagnostiquées cliniquement, mais une confirmation en laboratoire est nécessaire pour la plupart d’entre elles, d’une part pour s’assurer que le diagnostic clinique est exact et d’autre part pour s’assurer que le traitement est correct. L’épidémie persistante de teigne résistante aux antifongiques en Inde souligne la nécessité de prélever des échantillons à des fins d’identification – les principaux tests de laboratoire sont la microscopie directe et la culture fongique.
– La microscopie directe est souvent ou occasionnellement réalisée dans 30 des 48 (63%) pays africains, mais pas dans 10 (21%) des établissements du secteur public.
– Les cultures fongiques sont souvent ou occasionnellement réalisées dans 29 des 48 pays africains (61%), mais pas dans 9 établissements de santé publique (20%).
Les maladies tropicales négligées (MTN) répertoriées par l’Organisation mondiale de la santé comprennent le mycétome, la chromoblastomycose et la sporotrichose, qui sont causés par de nombreux champignons différents. Ces trois maladies sont des infections dévastatrices qui touchent principalement (lieu/pays/régions), plongeant les patients dans la pauvreté et entraînant une forte stigmatisation sociale. Les éléments essentiels pour le diagnostic sont la biopsie de la peau, la microscopie,l’ histopathologie et la culture fongique.
– Sur 47 pays africains disposant de données, 7 (15%) et 21 (45%), respectivement dans le secteur public et privé, ne proposent pas de biopsie cutanée, mais 32 (67%) des pays la pratiquent régulièrement ou occasionnellement, principalement dans les hôpitaux universitaires.
– L’examen histopathologique des tissus est fréquemment utilisé dans 31 des 48 (65%) pays africains, mais pas dans 9 (20%) pays dans le secteur public.
Le Dr Aida, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et de l’hôpital Aristide Le Dantec, à Dakar, au Sénégal, ambassadrice nationale de la GAFFI et auteur principal du rapport, a déclaré :
“Dans de nombreux pays africains, les services de laboratoire pour diagnostiquer les infections fongiques sont peu développés, le manque de sensibilisation, de compétences de laboratoire et de ressources étant les principaux problèmes. Nous espérons que ce document et ce rapport se traduiront par une couverture complète de la microscopie directe et de la culture fongique en Afrique au cours de la prochaine décennie”.
Le Dr Lala Soavina Ramarozatovo, professeur de dermatologie à l’hôpital Joseph Raseta Befelatanana d’Antananarivo, à Madagascar, et ambassadeur national du GAFFI, a déclaré :
“Bien que la dermatophytose soit l’une des maladies fongiques cutanées les plus diagnostiquées en Afrique, les maladies fongiques tropicales négligées et graves telles que la chromoblastomycose, la sporotrichose et le mycétome constituent notre plus grande préoccupation. De nombreux patients ne sont pas diagnostiqués pendant des années et le soutien des laboratoires fait trop souvent défaut. Nous avons été consternés d’apprendre que sept pays africains ne peuvent pas effectuer la première étape fondamentale du diagnostic, à savoir une biopsie de la peau. Les dermatologues jouent un rôle important dans le diagnostic clinique, mais il y a une grave pénurie de dermatologues dans la plupart des pays d’Afrique.“
Notes aux rédacteurs
L’enquête décrite pour la capacité de diagnostic des maladies fongiques cutanées sur le continent africain a été menée en 2021-2022 par Global Action For Fungal Infections (GAFFI) en collaboration avec les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC). Les résultats de l’enquête ont été présentés lors de la deuxième conférence sur la santé publique en Afrique, qui s’est tenue à Kigali en décembre 2022.
Le document de recherche comprend des coauteurs du Botswana, du Cameroun, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, du Mali, de la Mauritanie, du Mozambique, de la Namibie, de la Somalie, du Soudan, du Tchad et du Togo.